Rapport de l’IGF sur les professions réglementées : à quoi jouent l’Ordre et l’UNSFA ?


En août dernier, je faisais une rapide analyse de la synthèse du rapport de l’IGF sur les professions réglementées. Hier, Emmanuel Macron, le nouveau ministre de l’Économie, de l’Industrie et du Numérique a mis en ligne ce fameux rapport (Tome 1, Tome 2, Tome 3). Nous n’y découvrons pas beaucoup de choses que la synthèse du mois d’août et pourtant l’UNSFA, syndicat d’architectes appelle à manifester le 30 septembre en coordination avec l’UNAPL. Quant à l’Ordre, dans sa lâche neutralité, il appelle par la voix de sa présidente « chaque architecte, selon son engagement et ses convictions de suivre ou non cet appel ». Une erreur stratégique doublée d’une erreur de communication.

Contrairement à ce que dit l’UNSFA, ce rapport est une chance qu’il nous faut saisir. Il est la preuve que notre profession va mal. Tout le rapport le prouve :

  • Rapport années d’études / rémunération est une des plus faibles(Tome 1, page 9),
  • Seule profession à avoir une rémunération estimée comme juste supérieure à la rémunération constatée (Tome 1, page 15), 
  • Moins de 30 % des Français ont eu recours à un architecte et 95 % estiment que nos tarifs sont trop chers (Tome 1, page 20),

Je pourrais continuer comme cela pendant longtemps tellement ce rapport démontre que le métier d’architecte est le plus mal loti des professions réglementées, et ce malgré la croyance populaire. Alors que faire ? Communiquer autour de cela, expliquer que les architectes vont mal, qu’ils sont déjà quasiment totalement déréglementés et que les privilèges nous n’en avons plus depuis longtemps… Et bien non, l’UNSFA préfère suivre l’appel de l’UNAPL qui défend les plus nantis au nom de la solidarité du mode d’exercice libéral dont feraient partie les architectes. Ce rapport « détruirait les fondements de l’exercice libéral ».  On pouffe quand on voit le tableau 3 (Tome 2, annexe 5,page 8) qui montrent qu’il ne reste plus que 5,1 % des architectes exerçant en mode libéral. L’UNSFA et l’Ordre se tirent une balle dans le pied en se rangeant aux côtés de ceux qui gagnent plus de 10000 € par mois (administrateur judiciaire, notaire, biologiste…) et donc pire, ils nous tirent une balle dans le pied. Nous passerons pour des nantis privilégiés alors que nous ne le sommes pas.

Les bases des revendications de l’UNAPL soutenues par l’UNSFA sont faites sur la synthèse du rapport et non sur les rapports eux-mêmes, qui viennent d’être publiés. Qu’est-ce qui finalement touche réellement les architectes ? Pas grand-chose, comme je l’expliquais en août. Seule l’ouverture du capital pose un véritable problème comme le souligne très justement Jean-Philippe Donzé, membre du Conseil national de l’Ordre des architectes :

« Le risque n’est pas que Bouygues prenne des parts dans des agences d’architectures. Cela n’aurait aucun sens, car ils s’interdiraient de répondre pour le coup à des marchés (conflit d’intérêts entre le concepteur et le postulant au marché …) Le risque vient de pays européens (mais pas que) dans lesquels la profession n’est pas réglementée. Dans certains pays, le titre n’est pas protégé, donc n’importe qui peut se prétendre architecte, et pourrait prendre des parts (la majorité) dans une agence en France, et donc porter le titre sans en avoir les qualifications requises pour les ressortissants français … il y a là un véritable risque de distorsion de la concurrence, d’autant plus pernicieux pour le consommateur (que la loi de 77 est censé protéger) qui n’y verrait que du feu ! « 

Certes, c’est un énorme problème qu’il convient de soulever lors des échanges avec le ministre de l’Économie, Emmanuel Macron mais en aucun cas, ce rapport ne fait office de loi. Il s’agit juste de suggestions et de préconisations qu’il convient de commenter, de réfuter et de combattre le cas échéant (celui de l’ouverture du capital en faisant évidemment partie). En aucun cas, ce n’est la fin des architectes, de l’architecture, de la démocratie, du monde… L’Ordre et l’UNSFA feraient de consacrer une partie plus importante leur énergie à voir mettre en place et à défendre les rapports Feltesse, Sueur et Bloche qui défendent l’architecture et les architectes qu’à se fourvoyer avec l’UNAPL.

22 réflexions sur “Rapport de l’IGF sur les professions réglementées : à quoi jouent l’Ordre et l’UNSFA ?

  1. Quelques anecdotes issue de ma HMO en cours, pendant laquelle j’ai notamment eu la possibilité d’emmerder l’ordre avec mes questions :

    – Pourquoi n’a t-on pas de barème ou de convention fixant des tarifs minimums pour les prestations d’architecte ? > Réponse de l’ordre : toute tentative d’imposer un barème joue finalement contre les architecte car il ramène systématiquement les prix des prestations au minimum du barème, et puis Bruxelles est formellement contre ce genre de chose car cela nuit au marché libre (on se rappelle de l’obédience politique des dirigeants européens…).

    Puis dans un deuxième temps voici la situation en Angleterre et en Allemagne, expliquée par deux intervenants des dits pays :

    – Allemagne : l’ordre des architectes protège le titre, mais assure en plus des missions de publicité, et intervient auprès des parlementaires pour faire avancer les lois. A noter que le seuil en mètres carrés en Allemagne est à 0. Tout le monde doit impérativement passer par un architecte quel que soit le projet. Les gens râlent mais les architectes ont le dessus. Par ailleurs, l’ordre teuton s’assure du respect de leurs barèmes de rémunération. Oui oui, vous avez bien lu, il y a un barème en Allemagne, ce qui prouve qu’ils peuvent parfois se torcher allègrement avec les directives de Bruxelles quand ça les arrange.

    – Angleterre : pas de seuil, pas de protection du titre, tout le monde peut déposer un permis, même pour une tour ou un aéroport. Mais ils ont le RIBA, l’organisme tout puissant des architectes, à la fois syndicat, lobby, organe de publicité, etc. Ils n’ont pas besoin de seuil ou d’ordre, des décennies de publicité auprès du grand public ont ancré dans la tête des gens qu’il faut passer par un architecte. (A noter qu’il n’ont pas vraiment plus accès que nous aux maisons individuelles, le gars estimait leur participation à 10% du marché). On peut donc se demander dans quelle mesure le fait d’être sous tutelle du ministère de la culture en France ne nous abruti pas (d’ailleurs on utilise pas ce mot pour parler des gens séniles d’ordinaire ?).

    Je me suis permis un calcul. 30 000 inscrits cotisent pour 700 euros chaque année. L’ordre dispose donc d’environ 21M€ par ans pour tenir le tableau, publier les revues avec les réalisations de leurs copains et gérer un contentieux de temps en temps. Pour se donner un ordre de grandeur, ça correspond au chiffre d’affaire d’un bureau d’étude employant plus de 230 personnes à plein temps. Je suis assez curieux de savoir ou va tout ce pognon, je n’ai pas trouvé sur le site web.

    La nouvelle équipe va t-elle faire mieux que la précédente ?

    • Lire autant d’approximations (au mieux) et/ou de contrevérités (au pire) en aussi peu de phrases … me laisse rêveur !

      Le rapport Montebourg Macron répond à une demande mainte fois répétée de Bruxelles de dérèglementer les professions « libérales », pour soit-disant augmenter la compétitivité et la croissance économique. L’état français, ne respectant pas le critère de 3% du déficit budgétaire, pense en acceptant d’ouvrir le dossier de la dérèglementation, donner des gages à Bruxelles en contrepartie d’un délai supplémentaire pour réduire le déficit.

      Dans ces conditions et connaissant l’orientation ultra-libérale des instances européennes, est-il réaliste de demander la mise en place d’un barème, alors que la commission vient d’obtenir, après la menace de l’ouverture d’un contentieux, la suppression d’un des 2 barèmes existants (celui sur les marchés privés) au Luxembourg ?

      Le barème allemand n’est pas nouveau, il est édité par l’état et c’est d’ailleurs pour cette seule et unique raison qu’il échappe encore (pour combien de temps ?) aux foudres de Bruxelles. De plus, ce barème n’a rien d’obligatoire, car iil est seulement indicatif.

      Et quand bien même, pour faire plaisir à certains de nos confrères, par le plus grand des hasard l’état français décidait d’accepter un barème, qui en déciderait le niveau. La profession par sondage, l’Ordre, les syndicats, un collège de sage ? En aucun cas ! Comme pour toutes les professions règlementée disposant d’un barème (médecins, etc.), c’est l’état lui-même, et l’état seul qui déciderait du niveau de ce barème, en se basant sur le niveau de rémunération moyen actuel … c’est dire si cela nous serait favorable !!!

      Cette revendication est d’autant plus absurde, lorsque l’on sait qu’un barème indicatif existe déjà en France (le Guide de la rémunération édité par la MIQCP) et que les premiers à le bafouer sont ceux, sans doute, qui demandent à corps et à cris …. un barème !

      Quand au calcul du budget de l’Ordre, s’il y a bien environ 30 000 architectes inscrits au tableau, avec le jeux des réductions ou des exonérations de cotisations, tous ne cotisent pas à 700€. Le budget annuel se situe entre 13,5M€ et 14M€, donc bien loin des 21M€ annoncé!
      Et ces 14M€ sont nécessaires aux missions que l’état à confié à l’Ordre, qui de ce fait détient une délégation de pouvoir public. A savoir en résumé :
      – tenir à jour le tableau
      – vérifier les assurances et contrôler le respect de la déontologie
      – inciter à la formation professionnelle
      – participer à la représentation de la profession pour les questions qui touchent à l’enseignement
      Et ceci dans 26 régions, pour avoir une représentation égale sur l’ensable du territoire.

      Enfin, contrairement à ce qui est sous-entendu, tout ceci n’a rien de secret, il suffit de se rendre dans son CROA pour obtenir les chiffres, que ce soit pour sa région ou pour le niveau national.

      Donc merci de ne pas participer à la désinformation des confrères, qui n’ont pas besoin de cela en ce moment !

      • Merci pour la mise au point sur le budget. Je connais très bien les missions qui sont affectées à l’ordre malgré la caricature que j’en ai faite. Ca n’empêche pas de souhaiter que l’ordre, qui reste une entité bénéficiant de moyens importants, joue un rôle le relai auprès de l’état pour faire bouger les lois en faveur des architectes, et fasse de la publicité auprès du grand public.

        Cela n’arrivera jamais en France tant que l’ordre sera sous tutelle, qui plus est d’un ministère qui fait peu de cas de la profession. D’où l’intérêt notamment de citer le cas anglais, ou les architectes livrés à eux même sont bien obligés de s’unir, et au final s’en sortent aussi bien voire mieux que nous.

        Je ne connais pas l’action ni les moyens des syndicats (c’est mon tort), mais à ma connaissance seule la maf a les moyens de faire bouger les lignes au niveau législatif. Et ils le font, en défendant toutefois ce qui est en rapport avec leurs intérêt (limiter l’ultra responsabilisation des architectes par exemple).

        L’ordre des médecins ou le barreau des avocats ne sont pas sous tutelle par exemple. Pourquoi le sommes nous ?

      • Contrairement à ce que tu écris, l’ordre des médecins et celui des avocats sont sous tutelle aussi, l’un du ministère de la santé, l’autre de la justice (comme les notaires d’ailleurs).
        Dès lors qu’un profession règlementée reçoit une délégation de service public parce qu’elle rend un service d’intérêt public, elle est placée sous tutelle de l’état. C’est d’ailleurs à ce titre qu’un commissaire du gouvernement assiste à toutes les réunions de conseil de l’ordre en régions et au national également.

        L’état nous octroie un « monopôle » (celui de la conception du projet) et la protection d’un titre, en contrepartie, il attend de nous un certain nombre d’exigence (formation, déontologie, obligation d’assurance et de formation continue, etc.). Pour assurer ce contrôle, tenir à jour le tableau, et d’assurer la protection du consommateur, l’état peut soit le faire lui même, avec une armée de fonctionnaires qui n’auraient à coup sûr aucune notion de la spécificité de notre profession mais qui seraient payé par les impôts de l’ensemble des français, soit le déléguer à une institution ordinale, charge à elle de percevoir une cotisation auprès de ses membres pour assurer son fonctionnement.

        Pour ma part, je préfère et de loin la seconde solution !

  2. L’ordre est globalement dirigé par des gens pétris de bonnes intentions, souvent directeurs de belles et florissantes agences, avec une commande régulière. Pas des petits libéraux qui mangent des raviolis tièdes à même la boite et sont contents de dessiner une petite extension de garage.

  3. @Abeille, C’est terrible de voir que les rapports que tu sites ne parlent de rien. « Des mesurettes »! Rien sur l’HMONP, rien sur un barème, rien sur les 2000 ADE qui sortent sur le marché du boulot sans emploi. La plus part des architectes qui sont aux manettes de l’rodre et de l’unsfa ont fait leurs études à une époque où les ENSA produisaient environs 500 DPLG par an.
    @Frelon, tu as tout à fait raison! Un barème donnerai de l’emploi et donnerai un gros coup au dumping des honoraires. En effet, une agence qui emploi , ne peut pas répondre à des appels de 3%. chose qu’une personne seule peut faire « en mangeant des raviolis tièdes ». Si il y a un dumping la qualité de l’architecte sera mis en avant! si un archi à trop de boulot, il aura des possibilités: Soit il augmente ses honoraires, soit il EMBAUCHE un des 2000 ADE qui sortent des ENSA,ou soit il oriente le client vers un autre confrère (les avocats le fond, les médecins aussi… Pas les archis) .
    Le smic est un barème minimum des salaires. Donc, c’est quoi comme argument? Les Allemands viennent d’en établir un.

  4. Je trouve que tu es courageux Jean Philippe Donzé! Tu as la poigne, tu as les argument qui découle de ton experience! Mais alors pourquoi on en bave autant ? pourquoi?

    • Parce que l’état, les collectivités publiques, nos maîtres d’ouvrages ne nous donnent pas les moyens de faire correctement notre travail.

      Parce que trop nombreux sont ceux qui pensent que l’architecte est au mieux un acteur obligé, au pire un surcoût dont il faut essayer de se débarrasser par tous les moyens (PPP, conception construction, Mapa sur honoraires, signature de complaisance, etc.). Tout en réinventant tout ou partie de notre métier sous des formes diverses et variées (maître d’œuvre, BC, SPS, OPC, économistes, gestionnaire de chantier, Bim Manager, chargé d’affaires en performances énergétique, expert HQE, spécialiste bio climatique, expert DPE, architecte d’intérieur, coloriste, etc. etc.), mais toujours tronquées et avec des moyens indigents, donc un résultat qui va à l’encontre du but soit disant recherché … à savoir la recherche de qualité et la bonne gestion des deniers publics !

      Parce que surtout l’état, les collectivités, et les bailleurs sociaux ont oublié pourquoi la création architecturale a été déclarée d’intérêt public dans la Loi de 77, suite à la reconstruction et à la généralisation du chemin de grue, qui justement au nom de l’urgence, du manque de moyens, et de la nécessité de faire vite, a produit un urbanisme et un habitat de piètre qualité, et surtout une catastrophe sociétale que l’on paie encore aujourd’hui et pour encore longtemps !

      Parce que la plupart des maîtres d’ouvrages n’ont aucune culture architecturale, de moins en moins le sens de l’intérêt public, qu’ils ont perdu la notion de « maîtrise d’ouvrage » en se transformant en « acheteurs publics » en étant persuadés, au mieux, que c’est pour le bien de leurs concitoyens …

      Parce que … je pourrais continuer longtemps sur l’indigence de nombre de nos maîtres d’ouvrages, mais ce serait oublier la face cachée de tout cela. En effet, tout ceci n’est possible qu’avec l’accord tacite, voir le consentement passif d’une bonne partie des confrères, qui restent persuadés qu’ils pourront s’en sortir mieux seuls que regrouper pour combattre.

      Quelle arrogance, quel manque d’humilité et de clairvoyance face aux enjeux actuels!

      Quelle pitié de voir des confrères ressortir encore aujourd’hui l’idée que l’Ordre actuel est une institution Pétainiste, alors qu’il suffit de s’intéresser juste un tout petit peu à l’histoire de sa profession, ou de lire la Loi de 77 pour comprendre l’incongruité du postulat !!!

      Quelle pitié de voir les confrères connaitre aussi mal le rôle de l’Ordre, des syndicats, de la tutelle, les devoirs qu’ils ont envers les uns et les autres, etc., et ensuite revendiquer tout et n’importe quoi en ne comprenant pas qu’on ne leur pas immédiatement raison ! C’est un peu comme si l’on mettait dans une voiture un conducteur qui ne sache ni lire ni écrire, qui ne connaisse pas le Code de la route, à qui on aurait bandé un œil et qui n’aurait de cesse de demander de l’aide à l’inspecteur du permis de conduire alors que ce dernier n’est là que pour le contrôler, alors que le moniteur d’auto école, qui lui pourrait l’aider, serait lui interdit de parole par le conducteur lui-même … Lâcher ce trio à l’heure de pointe place de l’Etoile à Paris … comment s’étonner que cela finisse en catastrophe ?

  5. Question

    1984- Je bosse sur ma planche à coté de Ciriani. J’en ai assez d’entendre radoter sur Emile Aillaud au sein d’une gauche parfois trop bien pensante et d’entendre rire sur ses lingots d’or volés, sa Rolls etc, lui le faiseur de logements sociaux à la botte du Capital. C’est comme pour Audiard ou Guitry, je cultive déjà quelques différences. Je prends le téléphone et l’appelle, envie de vous rencontrer. On me passe le vieux sans problème, quand tu veux – illico – je t’attends. J’enfourche ma Bonneville et pétaradant je rentre dans son hôtel particulier rue du faubourg Saint-Honoré. Je pénètre au deuxième étage dans son sombre bureau, sa tête pour la Défense est au mur. Il m’arrête et désire me soumettre à une simple question avant tout entrevue. Il me tend alors une photo en chaque main ; l’une d’un jeune couple clean et heureux dans leur salon ikéé, l’autre d’une famille de cinq ou six enfants tirant grise mine.
    Pour qui travailles-tu ?
    Nous avons passé la journée ensemble, parlant des perspectives courbes depuis son balcon, des graines de culture insinuées dans ses bâtiments, des rapports au sol, au temps, de la dignité humaine.

    D’actualité ?

  6. On va pas pinailler mais non, l’ordre des médecins n’est pas sous tutelle. Tu as un Conseiller d’État nommé par le Garde des Sceaux, qui avec les 54 élus forment le conseil national. Ce n’est pas une tutelle. J’ai pas vérifié pour le barreau, mais on s’en fout, il faut simplement arrêter avec ce mythe, la tutelle n’est pas obligatoire.

    Après je sais pas si c’est mieux sans tutelle, mais on peut se poser la question du moins.

    • Le conseiller d’état, comme tu le dis, est ce qui s’appelle un « Commissaire du gouvernement ». S’il assiste à toutes les séances officielles du Conseil, il ne vote pas et ne rentre pas dans le calcul du quorum. Il ne fait donc pas partie en tant que tel du Conseil, qui n’est constitué que de professionnels. Par contre, il peut censurer, après en avoir rapporté à son Ministère, une décision du Conseil qui aurait été prise en contradiction avec les textes. Si ce n’est pas être sous tutelle, je ne sais pas comment ça s’appelle ! Dès lors qu’une profession a reçu une délégation de service public, il est normal que l’état exerce son contrôle sur l’institution chargée de contrôler les membres de cette profession. Ce contrôle, c’est bien une tutelle de l’état sur l’institution ordinale, et plus largement sur les professionnels concernés. Et cette tutelle s’exerce pour toutes les professions disposant d’un Ordre, sans exception. Je n’ai pas dit règlementées, car il existe des professions règlementées qui n’ont pas d’institution chargée de le contrôler, l’état s’en chargeant lui-même (chauffeur de taxi, coiffeur, etc.).

  7. Au temps pour moi ! Après lecture des articles 39 et 40 de la loi de 1977 je me rend compte que c’est à peu près comme pour les médecins avec une sorte de droit de veto. La différence est qu’ils ne l’expriment pas de la même manière. L’article Wikipedia sur l’ordre des médecins donne donc de fausses informations.

    • Donc nous sommes d’accord 🙂

      Après, comme tu le disais, reste à savoir si l’on préfère être contrôlé, et jugé par des pairs ou par de parfaits « étrangers » à sa profession. Lors d’un litige avec un maître d’ouvrage, vaut-il mieux que celui qui est censé donner un avis sur le respect ou non de la déontologie, de la pratique professionnelle soit un confrère qui connaisse les vicissitudes du métier, ou un obscur fonctionnaire qui se en charge de contrôler les architectes, les coiffeurs, les médecins et les boulangers ?

      Que l’état ai jugé pertinent de laisser le contrôle de la profession, à une institution composée de professionnels, me semble quand même bien plus pertinent que s’il le faisait lui-même !

      Mais on peut en débattre …

  8. La réponse est dans la question! Et puis le fonctionnement anglo saxon (sans ordre) serait difficile à adopter à cause de notre culture latine (l’esprit de tutelle omniprésent qui consiste à s’en remettre systématiquement à une autorité, les egos forts qui font qu’on ne se regroupe pas ou peu en grosses agences, etc.).

    Pour revenir à l’article, j’aime bien le point 8 du rapport Feltesse . Ce qui me dérange dans notre situation ce sont les champs d’interventions que l’on délaisse ou dans lesquels on est pas ultra performants, et à commencer par le chantier. C’est en phase avec la réforme de 1997 et les précédentes qui veulent faire des écoles un lieu d’enseignement exclusivement théorique. Le résultat c’est des milliers de diplômés qui depuis des dizaines d’années sortent d’école sans aucune connaissance opérationnelle du « vrai métier ».

    Avoir une licence ou un master d’architecture ne veut strictement rien dire. On apprend à théoriser des concepts abstraits, alors que notre job est quand même fait de 95% de gestion de procédures, de relationnel, de gestion d’entreprise, de négociation, de développement de stratégies pour accéder à des marchés, etc. Et puis une fois tous les 10 000 ans on a la chance de bosser sur un concours d’architecture ou pour un client privé riche et ouvert d’esprit, et on peut enfin utiliser ce qu’on a appris à l’école.

    Je me demande si on s’en sortirait pas mieux (face à une entreprise TCE ou un gros client) à être formés comme des entrepreneurs hargneux qui savent dessiner, plutôt que comme des rêveurs capables de se poser des questions…

    • C’est bien à ça que devrait servir la HMO, si elle était sur 2 ans par exemple, comme dans bon nombre d’autres pays européens : apprendre le « dur » du métier, tout ce qui n’est pas enseigné à l’école, et en premier lieu le chantier effectivement, et les rapports humains que cela implique ! C’est aussi pour cela que l’habilitation des futurs architectes en Allemagne par exemple, est prise en charge en totalité par la profession, en dehors des écoles … ça laisse rêveur quand on voit en France la main mise des écoles, sur une partie d’enseignement pourtant professionnalisante !

  9. On ne peut être d’accord sur tout. La formation des architectes est du ressort est exclusivement des écoles. La profession devrait déjà s’occuper de la formation continue avant de s’occuper de la formation initiale. Et pus les professionnels sont déjà dans les écoles. Ils y enseignent le projet notamment.

    • Effectivement, on ne peut pas être d’accord sur tout 🙂
      Si la HMO fait partie de la formation initiale, il est juste quelle soit faite par les écoles. Mais alors il faut m’expliquer pourquoi ce sont les agences qui accueillent qui paient un salaire, avec un contrat de travail en bonne et due forme ? Est-ce que les agences paient les étudiants pendant leur reste de leur scolarité ? Non je ne crois pas, en dehors des stages. Mais dans ce cas, les étudiants sont clairement accueillis comme des stagiaires, et pas comme des salariés à part entière. Que les choses soient claires, je ne suis pas en train de dire que les agences voudraient accueillir des HMO sans les payer, bien au contraire ! Je revendique juste le droit, à partir du moirent ou j’ai un salarié dans mon agence, de prendre en charge de sa formation. Aujourd’hui, la HMO est un dispositif bâtard, qui ne satisfait personne, et surtout pas les étudiants en premier lieu ! Le ministère prétend que c’est de la formation initiale, et qu’il est donc normal que les écoles s’en chargent. Ecoles qui par ailleurs ponctionnent des frais d’inscription pour l’année universitaire ! Mais dès que l’on parle rémunération de l’étudiant (il a quand même une carte d’étudiant !), alors là, cela devient comme par magie un salarié en formation continue ou professionnalisante, avec la charge financière pour la agence d’accueil. Arrêtons l’hypocrisie, et acceptons que celui qui paie (la profession, pas le tuteur) soit aussi celui qui décide du contenu de la formation et de sa validation. Aujourd’hui, la profession est juste là pour assumer le désengagement de l’état, et pour fermer sa gueule ! Pas étonnant que les ADE trouvent de moins en moins d’agences d’accueil dans ces conditions !

      • Tout comme frelon, je suis en formation hmonp. Avant de trouver mon agence, j’ai fais le tour de tous les cabinet d’archi petits et grands de ma petite bourgade de province (en alsace). Constat :pour certains architectes (pas tous fort heureusement) un hmonp est un jeune diplômé ou non, corveable à souhait (les 39h c’est bien beau mais si tu fais des heures sup, bah elles sont pas payées parce que hé! faut que tu te forme et qu’avec tout ce qu’il y a à faire ça rentre pas dans tes 39 heures… Si si on m’a dit ça et je suis pas la seule), sous payé (bas oui il faut bien qu’on vous forme et c’est pas rentable… certains hmonp à Paris acceptent d être payer 600 euros (même pas de quoi payer un studio )pour avoir une place dans une agence. ..) et qui reste cantonner à l’agence à faire du dessin sur ordi. Dans ma promo on a fait un petit sondage, 25% environ d’entre nous n’ont pas eu la possibilité de suivre un chantier alors qu’il restait 2 mois de formation… alors que c’est justement cet aspect du métier que l’on est censé apprendre en hmonp… je précise que 50 autres % (dont je fais partie) ont été obligé de se battre avec leurs patrons pour aller faire un peu de chantier… et je ne vous parle même pas de rencontrer des clients… Alors oui pour le statut de stagiaire mais comme en Belgique alors ou les cabinet doivent payer correctement leurs stagiaires (pas les 400 euros d’indemnité qu’on a en France mais au moins le salaire minimum si pas plus pour les agences qui respectent le travail de leurs hmonp….) alors l’apprentissage théorique dans les écoles ? Laisser moi rire on est l’une des rares profession où au bout de 5 ans d’étude on a pas la moindre idée de ce qu’est le métier pour lequel on a été formé…

  10. Hey, les gars, vous auriez dit un paquet de bêtises si Jean-Philippe Donzé n’avait pas été là. Comme vous êtes intelligents, vous saurez vous en rappeler pour une prochaine fois. 🙂
    J’ajoute que si les architectes soutenaient davantage l’Ordre, il aurait alors plus de pouvoir pour faire changer les choses, ce que nous voulons tous.
    Enfin, plusieurs ont parlé de la nécessité de publicité à destination du tout public. Et bien, il y a un jeune conseiller en Aquitaine qui y travaille, qui y passe ses soirées bénévolement, c’est moi. Et je reviens vers vous avec des éléments concrets, très bientôt. J’espère que vous saurez alors vous bouger autant que nécessaire pour que le projet ait de l’impact. Je compte sur vous. A bientôt.

  11. J’ai effectivement remarqué ton travail de communication à destination du grand public, et je le trouve très intéressant, et je pense qu’il faut mener une réflexion pour le diffuser plus largement. Le CNOA travaille également sur ce sujet, et notamment pour généraliser ce qui a été fait par le CROA Alsace avec le site architecte pour tous (http://architectespourtous.net) qui s’adresse spécifiquement aux maîtres d’ouvrages qui recherchent un architecte pour un projet.

  12. balladur premier ministre avait déjà tenter de réduire le champ du rôle de l’architecte du temps de son passage à matignon, je crois me souvenir qu’il souhaitait créer des sociétés de maitrise d’oeuvre dans lesquelles les architectes perdaient la majorité du capital

    Stagiaire à l’époque à la SCIC ile de france j’ai assisté à la préparation de la structure de maitrise d’oeuvre en création, le recrutement des éléments internes, l’organisation de la structure… (la scic est une filiale de la caisse des dépôts qui pèse toujours sur la rédactions des textes en projet)

    Il s’agissait pour la SCIC de créer une filiale à sa main afin de commander ses projet de réhabilitation en interne, ils utilisaient déjà cette structure en filiales pour commercialiser leurs logements sociaux, pour rénover une partie de leur patrimoine hors la mission d’architecte (BET SEREQUIP) et toutes sortes de missions du même ordre

    malheureusement le texte du gouvernement balladur comprenait tant de défaut sur la commande publique que même les élus de droite n’en voulait pas, il fut abandonné et le projet de filiale avec.

    ainsi si l’ouverture du capitale des sociétés d’architecture est possible c’est avant tout les maitres d’ouvrages détenteurs de beaucoup de foncier et de patrimoine que nous verrons voir arriver sur le marché sous forme de filiale

    on peut aussi légitimement penser que les gros bureaux d’études, pourront monter aussi ce type de structure

    en somme n’y voir que le risque des acteurs étrangers semble un peu court

    Votre commentaire est en attente de modération.
    brunstein , 01/12/2014 at 17:27

  13. Moi je dis bravo a JFD pour la qualité de ses réponses qui demontre que les architectes de l Ordre s engagent serieusement pour gérer les vrais problémes de la profession.
    Les YAKA ne suffisent pas, trop de contreverités sont lancées a tort a travers, merci d’avoir la patience de répondre (et sans faute d orthographe c est dingue!).
    Engagez vous, vraiment, cherchez l information, elle est partout, accessible a portée de main, avant de foncer tête baissée (ouille…).

Laisser un commentaire