Comment j’ai eu l’envie d’arrêter l’architecture…


Profitant de congés bien mérités, je souhaitais revenir sur une séquence récente de ma vie professionnelle qui m’a presque donné l’envie d’arrêter l’architecture. Tout a commencé par une réunion dans une mairie de 5000 habitants de la banlieue est d’Orléans, il y’a quelques jours : une réunion de concertation entre le maire et ses adjoints, la maîtrise d’ouvrage (un bailleur social national) et moi, l’architecte de l’opération, qui avait pour but de lever les derniers soucis d’un chantier de logements sociaux en cours de construction sur cette commune. Le problème : des riverains ont surnommé le projet « le bunker » et le bois en façade choisi en phase concours a été remplacé par de la brique, plus pour des raisons financières qu’esthétiques ou techniques. Des changements, certes, demandés par la maîtrise d’ouvrage mais pour la mairie, un seul coupable: l’architecte.


Cette anecdote introductive est symptomatique de la position de l’architecte dans la société : coupable de tout lorsqu’il y a des problèmes, mais ignoré lors des inaugurations et remerciements. Nous, architectes, nous sommes les Kleenex des élus et des maîtres d’ouvrage. Comme le disait très justement l’architecte David Ventre dans une tribune au Moniteur: « dans le bâtiment, l’ingratitude est plus répandue que la reconnaissance ». Bref, cette réunion (où je m’en suis pris plein la gueule et où j’ai dû à plusieurs reprises ravaler ma salive) m’a ouvert les yeux et, quelques instants, m’a fait songer à quitter cette profession. Qui sont les responsables de cette situation :

Des élus irrespectueux.

Bien sûr, il ne faut pas généraliser, il existe ici où là des élus qui savent apprécier la qualité architecturale et qui considèrent l’auteur de l’oeuvre architecturale avec respect. Mais trop souvent les élus de tous bords politiques se sentent investi d’une mission qui font d’eux un mélange douteux entre le baron Haussmann et Valérie Damidot. Parce qu’il a accepté qu’un bailleur social vienne financer la construction de logements sociaux (qui l’empêchera de payer une amende lourde pour sa commune « à cause de la loi SRU «  m’a-t-il déjà dit), Françoise* -maire sans étiquette mais de droite et employée de banque au 4/5ème- se croit tout permis. Alors même que la participation de sa commune n’ est que de 6 % du coût de ces logements sociaux, elle a donné son avis sur les plans « non parce que si vous mettez le radiateur là, où est-ce que je le mets mon vaisselier ? » et sur la couleur de l’enduit comme s’il choisissait la couleur de son propre carrelage de salle-de-bain. Aussi, comme son mari a coulé lui-même sa terrasse l’été dernier, elle est devenue spécialiste du béton et donne des petits tuyaux persuadé, désormais, de son savoir. Quand Françoise a appris par ses électeurs-riverains que le bois qu’elle avait « acheté » au concours a été remplacé par de la brique, son sang n’a fait qu’un tour. Elle veut non seulement savoir pourquoi ce changement lui a été soi-disant caché mais surtout quelles sont les têtes qui doivent tomber parce que « les élections, c’est dans un an et que ça peut lui coûter sa place ». Mais ça moi, l’architecte, selon elle je m’en fous car dans six mois je serai parti, mais que elle dans un an elle sera toujours là. Ce que ce ne comprend pas Françoise, c’est que dans 10 ans quand elle sera partie couler sa retraite au soleil, je serai toujours responsable de ce bâtiment. Mais ça lui passe au dessus de sa petite tête, l’élue aux petits pieds.

Des maîtres d’ouvrage qui n’assument rien

Victor* est chef de projet chez ce bailleur, il s’occupe de 5 projets en même temps (un par jour) et se souvient vaguement qu’il a passé son diplôme des Ponts et Chaussées il y’a 10 ans. C’est dire s’il déteste les architectes . Pendant que Françoise vomit sa haine sur l’architecte (moi), il regarde ses pieds. En effet, c’est de sa faute si l’édile n’a découvert le changement de matériaux (le remplacement du bois par de la brique) une fois le chantier démarré. C’est lui qui aurait dû prévenir Françoise, il y’a plus d’un an mais voilà, il a dû oublier, et comment aurait-il pu justifier que ce changement n’était dû qu’à des questions financières ? La finance, et donc trouver des économies, dans le logement social c’est un leitmotiv. Si le logement social c’est pour les pauvres, ce n’est quand même pas une raison pour des opérations non rentables. Pour cela, Victor est prêt à tout pour Françoise, le gentil maire. Illustration en trois points: 1-Accabler l’architecte en expliquant que le changement de matériaux est d’ordre technique et que c’est de la faute de l’architecte si ce qu’il a présenté au permis de construire n’était pas réalisable. 2-Proposer tout et n’importe quoi quitte à ce que cela coûte beaucoup plus cher que ce qui était prévu au départ, le tout au détriment le plus souvent de la qualité architecturale du projet. 3-S’excuser platement (en remettant une couche sur l’architecte lorsque celui-ci a le dos tourné) pour pouvoir continuer à construire dans cette commune encore épargnée de l’urbanisation sauvage car une opération, c’est bien mais deux ou trois, ça devient vraiment rentable. « Vous comprenez, Monsieur l’architecte, nous ne pouvons pas nous fâcher avec Françoise sinon c’est terminé pour nous dans sa commune. Allez faites un effort, ce n’est pas si laid cette façade que Françoise a redessinée avec ses jolies frises en briques rouges ». Oui, c’est vrai, c’est son métier l’architecture à Françoise, lui répondais-je assommé.

Des entreprises qui abandonnent.

Pendant ce temps, l’entreprise FNRC continue de poser la brique en façade et ce, malgré les demandes d’arrêt de Françoise, Victor et moi-même. Il faut dire que Sergio*, le conducteur de travaux, a du mal à se faire comprendre par ses ouvriers polonais. Ouvriers polonais embauchés par son patron Antonio* séduit par un mail envoyé par une entreprise d’intérim et son alléchant « Vous êtes déchargé de toutes les formalités administratives et déclaratives (nous déclarons nos employés détachés auprès de l’URSSAF en France), les cotisations et assurance maladie sont acquittées en Pologne. » Il faut dire que depuis quelques années les chantiers se sont complexifiés et les coûts se sont réduits alors finalement le plombier polonais, après l’avoir raillé, Antonio l’a embauché. Il a aussi réduit les coûts d’études en sous-traitant dans les pays du Maghreb et trouve toujours des pistes d’économies en embauchant de temps en temps au black. La quantité plutôt que la qualité, telle serait la devise de son entreprise même si c’est plus un constat qu’une volonté. De toutes façons, les ouvriers que Sergio et Antonio embauchent n’ont plus le savoir-faire nécessaire pour réaliser de la qualité. Alors quand moi, le jeune architecte ai l’affront de refuser un ouvrage (parce que mal réalisé), Antonio s’emporte, claque la porte du cabanon de chantier, s’allume une clope et vocifère. Il ne veut pas en rester là. Il expliquera dans un courrier en RAR à la maîtrise d’ouvrage que si le chantier prend du retard : « c’est la faute à l’architecte qui fait rien qu’à faire refaire les trucs ». Demander à Sergio et Antonio un minimum d’exigence sur le chantier, cela passe désormais pour de la mégalomanie voire de la suffisance matinée de mépris de classe.

Tout le monde décide pour les architectes.

Ceci est la réalité de mon métier. Des gens qui se contrefichent de l’architecture, de la qualité architecturale, et surtout derrière tout cela, qui se contrefichent toujours de l’usager, de celui pour qui est fait le projet. Ce qui compte, c’est d’être ré-élus, de continuer à pouvoir construire et d’être rentables quitte à faire de la merde. C’est ce triptyque qui a failli me faire quitter le monde de l’architecture.

Un ras-de-bol de voir les autres, non sachant, décider à notre place mais ne jamais prendre les responsabilités de ces choix. Un ras-le-bol d’être le responsable de tout. Un gros ras-le-bol d’être l’oublié. Un ras-le-bol que me racontent de nombreux confrères avec qui je discute. Malgré les piètres qualités théoriques de son dernier pamphlet, Rudy Ricciotti a le mérite de donner envie de se battre. De dire merde. De dire à Françoise, Victor, Sergio et Antonio d’aller se faire foutre, et de la même manière qu’ils ne remettent pas en cause la prescription de leur médecin lorsqu’ils vont se faire soigner, de nous faire un peu confiance et nous laisser maîtres des choix que nous opérons.

Certains non-architectes viendront laisser des commentaires sur ce billet de type: « Mais regardez ce que vous avez fait dans les banlieues, ici où là encore…, vous êtes responsables ». J’aimerais simplement rappeler que, nous les architectes, ne décidons ni du terrain, ni du programme, ni des réglementations (urbaines, réglementaires, handicapés…), ni du voisinage, ni du budget et du coût. Notre travail consiste à prendre en compte ces données pour en faire ressortir le meilleur et pour la plupart d’entres nous, architectes, nous tentons de le faire avec modestie et sans gesticulation. A l’instar de Jacques Herzog dans « A conversation with Jacques Herzog (H&deM) », dans El Croquis, n° 84, modestement, je poursuivrais ma quête pour tendre vers un idéal architectural et de faire: « Une architecture qui semble familière, que vous n’êtes pas obligés de regarder, qui est quasiment normale – mais qui, en même temps, a une autre dimension, une dimension de nouveauté, de quelque chose d’inattendu, d’intrigant et même de perturbant. » 

Finalement, j’ai décidé de me battre et de résister. Je continue le métier d’architecte.

*Les prénoms  et les situations ont été changés.

48 réflexions sur “Comment j’ai eu l’envie d’arrêter l’architecture…

  1. Je viens de lire la lettre de David Ventre.
    Une première réflexion : refuser la commande publique (lire Trétiack et son « Faut-il… » il explique déjà pourquoi).

  2. J’entends le même son de cloche du côté des médecins qui se plaignent de patients qui n’hésitent pas à consulter ailleurs quand la prescription obtenue ne leur plaît pas… On pourrait multiplier les exemples, pour de multiples professions qui, tous, tendraient à montrer que la relation de confiance qui fonde ces métiers de conseil est aujourd’hui fortement mise en question par des « profanes », sans doute un peu plus sachants qu’autrefois, en tout cas moins prêts à accepter les arguments d’autorité ou les dires d’experts au nom de leur seul statut d’experts : Michel Callon et consorts ont très bien montré ce renversement dans un excellent livre s’intitulant : Agir dans un monde incertain… Autant certains médecins, avocats, notaires, etc. semblent réfléchir depuis quelques temps à la manière de faire évoluer leurs pratiques, pour en améliorer l’acception sociale, autant, pour les architectes, j’ai du mal à discerner les remises en cause et peine à deviner la manière dont ils pensent pouvoir s’adapter à ces évolutions. Le contexte actuel interroge profondément les compétences des architectes : sera-t-il suffisant de jeter l’éponge ou d’insulter le contradicteur pour gagner la partie ?

    • Je travaille dans un cabinet d’avocat, c’est le même combat : lorsqu’on gagne un procès, la réaction du client est souvent « normal et encore j’aurais pu m’en sortir sans vous » alors à leurs yeux on reste des voleurs, et si jamais on perd un dossier, certains refusent meme de payer, alors meme qu’on les avait prévenu dès le début ! Bref pépin le bref !
      Je reconnais tout de meme qu’il arrive parfois que les professionnels soient pas assez bons. Mais il faut trouver le vrai du faux avant de se remettre en question.

  3. Et que doivent dire les artistes sculpteurs quand toute la commande publique des 1% artistiques pour la décoration des bâtiments publics est raflée par des incompétents notoires qui n’ont d’artiste que le nom et que le pouvoir adjudicateur, qui n’y connait rien et n’y comprend rien, décrit le marché comme « une œuvre qui prendra en compte une approche globale du site et du projet architectural, urbanistique et paysager, l’importance dédiée aux espaces naturels, à la circulation (eau, allée, jardins, empierrement), au paysage environnant (bocage, argile…), à l’ouverture du lycée sur l’extérieur et à son lien avec le territoire, le projet s’inscrirera sur le site de l’établissement (en interne ou externe) et pourra être disséminé » ! Blablabla… « Le projet artistique est ouvert à toutes les formes et tous les supports qui s’inscrivent aujourd’hui dans le domaine des arts plastiques, des arts graphiques, du design ou du domaine paysager » ! Blablabla… Bon des grands mots qui ouvrent la porte à tout et n’importe quoi , du moment qu’on peut le classer sous le terme d’art contemporain, sauf à une réelle œuvre artistique, et surtout pas à une sculpture, et surtout pas à un sculpteur. On balance des 100 000 ou 200 000 euros et même plus, à des guignols, pour intervenir dans des projets de lettres géantes ou de néons qui clignotent, qui à l’usage, personne ne saura que c’est censé être une « œuvre d’art » , et qu’on y a consacré un budget conséquent et de l’argent public ! Alors, des fois, moi aussi je râle après les architectes, (c’est encore eux qui prennent), alors que peut-être j’ai tort et que c’est le maire ou l’adjoint attaché à la culture qui a ses copains artistes con-temporains à placer ou des entreprises à arroser , pour encore caser des installations sonores ou numériques ou lumineuses ou autre soi-disant « démarche artistique » , et surtout pas une œuvre de qualité et qui pourra être reconnue et appréciée de tous ! http://www.coudrain-sculpteur.com

  4. Mais qu’est ce qui te fait rester alors ?
    À part, bien sûr, les obligations financières, viscéralement, il y a quelque chose qui te rattache à la profession ?

  5. Les incompétents narcissiques existent dans tout les camps… malheureusement avoir fait des études d’architectures n’est pas un gage de qualité humaine. Certains dévalorisent beaucoup la profession.

    Il y a les architectes qui s’en foutent des usagers et ne sont intéressés que par leurs façades, ou qui balancent en retard des plans pleins d’erreurs aux artisans qui sont sensés construire et qui les tiennent pour responsables : « bons à rien d’ouvriers », ou ceux qui font de l’habitat pour les pauvres et du coup se foutent complétement de l’impact sanitaire dans le choix des matériaux et des finitions…

    ET HEUREUSEMENT, il y’en a des comme toi qui on l’amour d’un métier, bravo en tout cas et courage !

  6. Tous ces nouveaux intermédiaires, ces demi-savants que sont les AMO… jeunes ingénieurs imbus, vieux ingénieurs fatigués par des architectes incompétents, ingénieurs vivant par procuration la création artistique… sans parler des diplômés d’architecture qui n’ont jamais connu directement la difficile phase de la réalisation. On en voit de toutes les couleurs…
    Faut vivre avec…mais qu’ils peuvent être pénibles à nous ressortir les clichés sur notre métier…

  7. Je suis non-architecte et j’adore l’architecture (et les architectes), alors non, je ne vous jetterai pas la pierre (ce qui, à bien y penser, serait vraiment le comble 🙂
    Je vous dirai simplement que cette situation n’est malheureusement pas l’apanage de cette profession. Comme chef de projet dans différents secteurs, tous à connotation technique (où il y a un vrai savoir-faire) et où l’on retrouve chaque fois ce découpage client/maître d’ouvrage/maître d’œuvre/exécutants, j’ai l’impression d’avoir connu ça partout !
    Raison de plus pour continuer l’architecture.

  8. Les gens ne savent ce qu’est un architecte ni ce qu’il fait. Il faut reprendre tout à zéro auprès des enfants, interventions dans les écoles. Avant de connaitre une architecte, je n’avais moi-même pas d’idée précise de ce qu’était cette profession.

  9. Organisons la résistance, ouvrons nos gueules et mobilisons nous, il n’y a que comme ça que nous arriverons à faire évoluer les mentalités!
    Pour Luigi Snozzi l’architecte n’est pas seulement le professionnel doué réalisant les plans d’une constructions, il doit aussi être (et surtout) un intellectuel doté d’un sens critique et moral envers la société qui l’entoure.
    Vive la résistance!

    • c’est qui les responsables? c’est nous! le problème d’abandonner c’est qu’il y aura toujours un abruti pour finir la merde derrière avec un boulot déjà tout mâché et nos honoraires ds sa poche… il y a des archis et des business men… le capitalisme commence à s’ecrouler profitons-en pour nous faire entendre (au près des particulier, cela fonctionne la nouvelle génération est plus ouverte!!!! heureusement!).
      GP

  10. Bonsoir Cédric,
    L’architecture c’est un superbe métier et je pense que tu le fais très bien.La profession a besoin de personnes comme toi qui font avancer les choses…mais la bataille est rude.
    Plus les gens sont incultes plus ils sont prétentieux, c’est le problème des politiques!!
    J’ai quitté l’enseignement et je vis maintenant a Arcachon ou je me consacre a mes recherches picturales et architecturales.
    Bon courage
    Jean-Michel Guénin

  11. Il est temps pour l’architecte de ne plus mettre son ego dans l’équation et d’oeuvrer pour le mieux, avec acharnement et espoir. Les faits énoncés sont la réalité du métier, nous sommes sachants au milieu de non-sachants qui, pour une raison quelconque prendront des décisions en contradiction avec les intérêts du projet. Le rôle de l’architecte est de protéger le projet et le mener à bien, et rappeler à l’ordre le maitre d’ouvrage le cas échéant, lorsqu’il se prend pour l’architecte. Se plaindre ne sert à rien, alors au boulot.

  12. 5 années d’études. Pas de crédibilité dans le diagnostique posé. Pas de consultation avec les architectes lors des réformes dans le bâtiment. Le paillasson des AMO ou des MO. La machine à remplir des dossiers de plus en plus nombreux, de plus en plus gros, en nombre d’exemplaire de plus en plus important. Des honos en baisse. Des délais d’étude ramené à peau de chagrin. Des décisions qui nous échappent. Mais une responsabilité de l’ensemble. C’est marrant, mais on se dit que si cela se produisait chez les avocats, médecins, notaires, pharmaciens, etc. leur ordre professionnel se ferait entendre. Qui a entendu le son de la voix de l’ordre des architectes sur ces sujet ?
    Merci pour ce billet et les autres, c’est un polaroid très bien senti de la profession.

  13. Un conseil.. reste salarié.
    N’exerce jamais en ton nom propre, tu risque de faire une syncope en prenant conscience des « vrais » problème de l’architecte aujourd’hui.
    Mais rassure toi jeune homme, on peut encore construire bien en France aujourd’hui, l’architecture a sa place.. mais il va falloir se battre, et être un peu plus courageux, je te l’accorde..

  14. C’est un constat réel et alarmant.. courage!
    Je pense que notre génération sera ou ne sera pas celle du changement, on subit les scories des générations passées et du désintéressement des savoir-faire, qui entraine une baisse drastique de la relation de confiance qui existait entre les entreprises et l’architecte, aujourd’hui seul on ne fait plus le poid face aux multinationales « maitres d’ouvrage ». Nous voyant divisés et raillés dans notre métier comment veux tu que les mairies nous taclent pas.??
    Patrick. S si tu penses que ce qui est abordés dans ce texte ne sont pas de « vrais problèmes », je pense que tu as perdu quelque chose en chemin, pour peu que tu ne l’aies déjà eu. Travaillant au coté d’un grand architecte reconnu par ses pairs, à 60 ans passés ces problématiques l’obsèdent et l’attriste encore.

    Le fait d’en être conscient est de continuer le combat témoigne du courage…

    Je le redis, dans une profession ultralibérale comme la notre, seul nous ne sommes rien.

  15. Allez un peu d’optimisme… Nous évoluons dans un monde où l’inculture est généralisée – La France est peuplée de 60 000 000 d’architectes… Nous recevons encore moins de respect de notre savoir et de nos compétences que le premier garagiste (et j’ai rien contre les garagistes – si mon garagiste me dit qu’il faut mettre les mêmes pneus sur mon train avant pour éviter de me foutre en l’air au premier virage car en retard à ma réunion de chantier, je l’écoute…) – Nous, on dit à nos clients privés ou publics que le ravalement de ce beau bâtiment XVIIIème doit se faire comme ça et comme-ci, il s’en foute car ils veulent voir les pierres d’encadrement façon Disney Land… Le premier qui passera devant ce pastiche de façades et lui qui aura un peu de culture et qui leur balancera: mais qu’est-ce que vous avez fait….. sur votre belle façade (avant)….. Ben, la réponse sera simple: c’est mon architecte….et en plus, il a pas mis les prises de ma cuisine au bon endroit (celle là même qui a fait l’objet de 30 versions en cours de chantier….) – Je l’accorde, c’est décourageant. Mais tant, qu’il y aura toujours des tanches (des architectes diplômés…) qui diront amen à tout (c’est les mêmes qui balancent des taux d’honoraire à 6% quand il en faut mini 9% pour faire un bon boulot)- un réel ménage est à faire dans nos rangs – nous n’avons pas bien de solution à la protection à notre espèce en voie de disparition –
    Bon courage à tous
    M Lemonnier

    • Oui faisons du ménage dans nos rangs, les casseurs de prix dehors! Et signons de vrais contrats et pas des torches-cul. C’est aussi grace a cela qu’on peut se faire respecter.

  16. Bravo, effectivement nous sommes nombreux à penser-vivre la même chose.
    Toujours responsables, rarement estimés ou remerciés, telle est notre pain quotidien.
    Mais gardons le cap!

  17. les gens avertis savent bien que l’architecte est un fusible,un fourre tout bien pratique,cependant surtout ne pas abandonner c’est la seule façon de faire changer les choses .Notre probléme de société n’est pas un probléme d’insertion,mais un probléme d’urbanisme ,la tache est rude ,mais la cause est noble .
    Je n’ai pas de titres,ni de formation particulière ,mais je compati .,Maurice .

  18. Bien écrit, bien résumé, hélas … à la longue on se lasse et pour garder la motivation, faut s’accrocher.

  19. Bonjour et tardivement, mais l’actualité architecturale semble toujours stagner.
    je vous propose d’en discuter avec un outils d’argumentaires à diffuser: teragora :
    http://goo.gl/x8vfae notamment pour établir les fondations d’une institution ouverte et représentative des architectes ! soyons novateurs et précurseurs !

  20. Tu as raison, mais quel est le métier responsable ou l’on est pas pris en otage de ses « clients » depuis l’orientation des enfants en bas âge ………….. à l’accompagnement en fin de vie! Je pense que l’important est de pouvoir se regarder dans la glace tous les matins.
    Amicalement.
    Michel.

  21. « dans le bâtiment, l’ingratitude est plus répandue que la reconnaissance »
    C’est un fait ! Ne pas abandonner, jamais. Il faut y croire malgré tout !

    • Ne pas abandonner… plus facile à dire qu’à faire !! Être jeune archi n’est pas chose aisée mais en plus de cela, on profite souvent de sa naïveté de débutant pour le transformer en bouc émissaire… Bon courage aux jeunes archis qui tiennent encore le coup !

  22. Je partage pour beaucoup ton avis… j’ajouterai peut-être un ou deux éléments qui me font de mon côté pencher de plus en plus la balance vers la perspective de changer de voie: le tirage dans les pattes dans la profession même (concurrence effrénée quitte à être parfois déficitaire sur certains projets afin de se « placer » auprès d’un MO, à l’image de celui-ci avec les mairies…) et une détérioration du statut d’architecte passant notamment par la non-reconnaissance de l’architecte salarié.
    Etre diplômé en architecture mais légalement interdit d’en porter le titre me paraît un peu un comble… une aberration qui conduit celui-ci à remplacer de plus en plus tout bon dessinateur-projeteur au sein des agences, salaire et considération à la baisse de ce fait, à moins sûr de débourser un peu plus de 200 euros par an à l’Ordre (non négligeable sur un salaire à la baisse), et encore, pas sûr que cela améliore la chose…
    Personnellement je pense que l’Ordre national n’est pas exempt non plus de tout reproche dans l’évolution actuelle de la profession… mais effectivement le plus triste c’est que la qualité des projets s’en fait ressentir, c’est là que le bât blesse…
    (combien de fois j’ai dû dépouiller des projets au fur et à mesure des différentes phases 😥 sans parler des aberrations issues des différentes réglementations).
    Bon courage

  23. Bah, oui. Il est grand temps que la profession se réveille et revendique sa place. Cela fait des années que le constat est posé. Il y a une dizaine de jours, j’ai bouilli en lisant le livre « Architecte, du maître de l’oeuvre au disagneur » de Bernard Marrey (Paris, Ed. du Linteau, 2013) où il démontre avec une méthodologie exemplaire la perte de sens, de reconnaissance et – semble t-il de savoirs- des hommes de l’art.

    Je suis d’accord avec Dadou et Jocelyn: on met aussi à rude épreuve les jeunes impétrants au poste d’architecte. Partir vers d’autres horizons n’est pas seulement une tentation. C’est parfois une obligation difficile à vivre.
    Je suis navrée de voir émerger dans les commentaires ce mépris ambiant des ADE. «sans parler des diplômés d’architecture qui n’ont jamais connu directement la difficile phase de la réalisation» JP Cendier
    Idéalistes, trop emprunts des discours dispensés dans les ENSA: Ok, cela peut se vérifier. Mais ce stade passe vite, je vous l’assure. Nous ne sommes pas idiots, le caractère ingrat du statut de l’architecte et les vicissitudes du terrains ne nous échappent pas. Sans doute votre réflexion ne se veut pas méchante mais – Et merde- il n’y a personne pour nous défendre – même pas l’Ordre (réservé aux HMONP).

    Ne commettez pas l’erreur d’identifier les ADE comme des emmerdeurs. Dans le meilleur des cas, nous souffrons avec vous en nous battant à vos côtés pour vos projets. Nous vous offrons notre enthousiasme, notre force de travail (souvent sans fin) et notre empathie. Dans le pire, nous souffrons par vous (pseudos contrats d’indépendant ou achat de conventions de stage post-diplôme 😨 qui permettent de broyer, humilier et enfin jeter le sous-fifre qui se tue à la tâche).

    Une vague promesse d’évolution vers une mise en situation, une validation des acquis, un futur commun, un poste d’architecte DE et non plus de dessinateur (il n’y a que l’intitulé qui change). Le jeune diplômé s’enthousiasme, travaille sans compter avec acharnement. Remarquez, il bosse même sans aucune promesse ou illusion. Je le sais, je suis un de ces grouillots (juste appellation des ADE).

    Beaucoup d’entre nous avons des emplois d’intérim entre deux missions d’archi pour survivre. On garde un job à mi ou tiers-temps dans le tourisme, le luxe ou le commerce pour un minimum de sécurité.
    La besogne vivrière prend tant de place, qu’on n’arrive pas à revenir dans le petit monde de l’architecture. Le pire, c’est qu’on en a honte. Nous n’en parlons pas. Et puis un jour, on se surprend à s’introduire comme concierge, hôte d’accueil ou administrateur. Soit on se refuse à abandonner et on continue dans la précarité, ou, exsangue, on se consacre sans joie aux petits boulots.

    Pardon pour la longueur du commentaire- corde sensible-
    Bon courage.

  24. NON ! C’est compliqué à dire ? Un changement de matériaux de façade en cours de chantier, ça veut dire esquisse, nouveau PC même si modificatif avec donc recours des tiers possibles puis détails d’exécution etc avec délais et honoraires complémentaires à la clef. Cela ne peut se faire donc sans l’avis positif de la Mairie, sans l’accord du pétitionnaire qui n’est jamais l’architecte et in fine sans l’approbation de tous.
    NON, c’est compliqué à dire quand on te présente une entreprise qui ne te paraît pas avoir toutes les garanties pour le chantier que tu vas assurer , quand ses sous-traitants, ses ouvriers te semblent pas vraiment au niveau ? NON, c’est compliqué à dire quand ton contrat n’est pas respecté ? NON !

  25. Point de vue antagoniste de la part des constructeurs: aucune gratification dans les faits (et dans l’article) concernant la partie « production » de l’acte de construire, les solutions techniques proposées et apportées afin de rendre viable un projet qui ne l’est pas ou peu.
    L’architecte d’un programme se pose souvent peu la question de la technicité et de la faisabilité du projet (structure, aménagement intérieur, budget..)
    Jeter la pierre à Sergio et Antonio est simple. Pourquoi ne pourraient ils pas tenter de tirer les prix vers le bas quand la MOA et MOE ( et donc souvent les architectes dans des cabinets faisant aussi de l’OPC) tirent également les prix vers le bas tout en tirant vers le haut (les cimes?) les prétentions architecturales???
    Il faut aussi remettre les choses dans leur contexte: du logement social oui, un ouvrage d’art social non. Faire du simple, pratique, ergonomique, propre: oui. Faire une œuvre d’art incomprise et inutile dans le contexte: pourquoi faire? et ne pas penser uniquement au rendu une fois le projet terminé et selon la « mode » actuelle, mais se projeter dans 5-10-20-30 ans quand le bâtiment sera encore debout et utilisé.
    exemple typique de l’article: le bardage bois contre la briquette. Et bien en tant que technicien, la briquette s’impose: simple, pas cher, bonne tenue dans le temps, aspect propre, et a part les tags, ça résiste. Par contre le bardage bois…réflexion qui ne date que de 4 jours en me promenant et en passant devant du logement social présentant une reha avec bardage en tasseaux verticaux de bas en haut du bâtiment. Mais l’archi qui a pondu ça ne se pose pas la question des utilisateurs une seule seconde (coup de pompe dans le bardage, surtout en RdC, voitures qui recule dedans, entretien, etc…). Certes cela flatte l’œil à la réception, et a première vue j’ai trouvé ça vachement beau, mais dans 3 ans (même bien avant) quand cela aura grisé (ah oui, le bois est un matériaux vivant…), que les jeunes se seront amusé et défoulé dessus, cela aura une autre tête (on veut sortir du gris béton mais on va dans du gris bois)…. Sans parler du fait que des tasseaux ajourés laissent la responsabilité de l’étanchéité au pare pluie situé derrière qui est très résistant aux couteaux, tournevis, clés, cutters….
    Quant à l’aménagement intérieur et la place du vaisselier (qui tient plus de l’anecdote d’une maire débile), peut être vaudrait il mieux se pencher sur un cloisonnement réaliste (par exemple ne pas mettre 2 portes de 83 menant à 2 chambres cote-cote sur une largeur de 170, parce qu’il ne faudrait pas oublier les largeurs des bâtis et les têtes de cloisons indispensables pour reprendre les bâtis, ce qui porte plus sur une largeur de 190. Ah mince, il faut empiéter sur une chambre qui ne fera plus que 8.5m²? et bien c’est que l’aménagement est a revoir.
    dernier point (vécu, ils le sont tous…), arrêter les cloisons pas chères type cloison de platre avec structure carton nid d’abeille pour les cuisines situées derrière un TD ou encore les salles de bains. pourquoi? les réseaux sont intégrés dans les cloisons, donc dans ce genre de cloison légère (très légère), donc on détruit le nid d’abeille, donc la structure de la cloison (sans parler du coté acoustique qui est bien évidemment à toutes épreuves…). Mieux vaut faire l’économie sur la suppression d’une baignoire dimensionnée comme un cercueil ou de la modification d’une douche à l’italienne pour un bac de douche classique!
    Dernier point, en restant simple, on peut faire beau, pratique, résistant, on reste dans du standard, donc dispo (donc délais), et rien ne sert de faire du J… N….. sur du social. Certains savent s’y contraindre, et ils le font bien, d’autres….pas du tout.
    Un peu de bon sens, un peu de compréhension des attentes d’un client (qui ne sont pas tous, heureusement des Françoise) et des problématiques des entreprises (qui cherchent à produire, ne pas perdre d’argent et respecter les contraintes envisageables d’un projet), et je pense que tous les acteurs de l’acte de construire peuvent se réconcilier et avancer ensemble.

    • Petit détail: l’ Architecture c’est l’Art de construire; ‘ pas ‘simplement’ construire. Comme Art de vivre, Art de la table, Art de la guerre etc. Ca peut tenir dans une proportion, une qualité de lumière inexplorée, une articulation de volumes etc etc bref des ‘trucs’ qui ne coûtent que le seul fait d’y penser et de les mettre en oeuvre. Rien à voir avec vos propos Mister Seb !

      • en effet, mais je reste dans les propos de fond de l’article, notamment ceux concernant les entreprises avec sergio et antonio (un peu cliché au passage)

  26. les élus ne doivent pas se mèler de la technique ,chaque mairie est dotée d’ingénieurs et d’architectes qui sont responsables des projets communaux,les élus n’ont que pousser les compétents à activer et réaliser les projets dans les délais,les spécialistes sont habilités à bien faire tout oueuvre

  27. Merci pour votre billet !
    Moi j’arrête ce métier, ras le cul !
    Je passe à autre chose !
    Archi/artisant, je me fais chier à donner 200% de ma pomme pour des clopinettes, à être payé en étalé, à été mis en concurrence pour la moindre crotte à réaliser, etc etc etc !… Et la profession est à côté de la plaque trop peureuse de faire du rentre dedans pour protéger et mieux faire évoluer qualitativement cet exercice ! En outre l’ordre n’en a rien à branler des 60/70% d’indépendants qui alignent depuis longtemps maintenant une moyenne d’équivalent salaire d’environ + ou – 1000€/mois, privilégiant le principe de sociétés isoprout merde et compagnie !… Alors salut les Archis moi je quitte le navire sans regret aucun ! C’est une profession foutue et elle même responsable de la merde actuel !

  28. C’est les vicissitudes du métier exacerbées par une conjoncture économique en pleine mutation.
    L’insatisfaction l’incompréhension ont tendance à se généraliser.
    La perte de sens transforme ce qui était dur mais supportable car anecdotique, en règle généralisée.
    Les relations sont souvent tendues et les reproches plus fréquents que les remerciements.
    Notre rôle de contrôle artistique et technique, de courroie de distribution, de flexibilité pour adapter les projets, les mener à bien, n’est pas adapte aux graves défaillances et états d’âme des entreprises fournisseurs maîtres d’ouvrages banquiers utilisateurs de + en + constatés.

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