Merci pour ce moment… d’architecture.


Nous venons de vivre une séquence architecturale assez incroyable. Biennale « Agora » à Bordeaux, inauguration de la fondation Pathé-Seydoux de Renzo Piano, inauguration de la fondation Louis Vuitton et rétrospective à Beaubourg sur Frank Gehry, université d’été de l’architecture et 24h d’architecture à Marseille, pose de la première pierre de la Halle Freyssinet, rarement nous n’avions entendu parler d’architecture et d’architectes. Un motif de satisfaction pour une profession qui va mal ?

Deux points semblent intéressants à soulever qui montre un regain d’intérêt pour l’architecture :

-Les rapports Feltesse, Sueur et Bloche qui défendent l’architecture et les architectes ont l’air d’avoir lu par la nouvelle ministre qui a annoncé à la commission des affaires culturelles dont Patrick Bloche est le président puis lors des universités d’été (cf. vidéo ci-dessus) un projet de loi relative « à la liberté de création, l’architecture et le patrimoine ».

«Ce projet de loi porte aussi d’importantes dispositions relatives à l’architecture et au patrimoine, qui permettront d’une part de clarifier le droit des espaces protégés dans un souci d’efficacité et d’intelligibilité pour nos concitoyens sans pour autant renoncer au niveau de protection. De mettre en oeuvre, d’autre part, certaines recommandations du rapport Bloche sur la création architecturale.»

Trois groupes de travail vont se mettre en place rapidement axés sur trois objectifs. Sensibiliser pour « créer du désir d’architecture », développer le recours à l’architecte en valorisant son savoir-faire et en élargissant leur champ d’intervention à de nouveaux secteurs de la construction ainsi qu’à l’export; innover en favorisant la possibilité d’expérimentation ainsi qu’en soutenant les écoles d’architecture et la formation des architectes tout au long de leur carrière. (source)

-Depuis plusieurs années maintenant, nous sommes plusieurs dizaines de twittos à harceler les élus pour qu’ils citent les architectes lorsqu’ils live-twittent la pose de la première pierre d’une future construction ou l’inauguration. Et depuis quelques semaines, nous avons collectivement eu l’impression que notre message était passé. Exemples :

Gageons que ce moment d’architecture dure et que le projet de loi « à la liberté de création, l’architecture et le patrimoine » fasse sortir les architectes de la torpeur dans laquelle ils sont depuis maintenant de trop nombreuses années.

7 réflexions sur “Merci pour ce moment… d’architecture.

  1. « Le recours à l’architecture reste trop souvent l’exception »
    J’aurais préféré entendre le recours à l’architecte…

  2. Piano, Gehry, Wilmotte…
    On les cite, en effet, comme on citerait Audi, Merdedes ou BMW…
    L’enjeu pas que le maîtres d’ouvrage des projets médiatisés citent leurs star’chitectes qui n’en ont vraiment pas besoin, mais qu’il devienne naturel de construire avec un architecte « ordinaire » en deçà des obligations légales….

  3. Il faut citer les architectes, c’est une évidence. Mais quid des ingénieurs qui font un boulot souvent obscur mais fondamental (il faut quand même que ça tienne tout ça et que ça déconne pas trop en termes de confort !) et qui ne sont quasiment jamais cités ? Une plaque pour Esquillan au Cnit et une pour Ove Arup à Beaubourg ; basta. Notre société qui malmène tout ce qui relève de la science et de la rigueur au profit des paillettes et du spectacle n’a-t-elle pas besoin que les ingénieurs soient également mis à l’honneur ? Pourquoi l’Inde et la Chine investissent autant de millions de dollars dans leurs universités scientifiques et dans les mathématiques ? Certainement pas pour former des traders (comme nous), mais des futurs inventeurs (pas comme nous).

    • Bonjour, le sujet de l’ingénierie dans la construction éclaire une des difficultés majeure actuelle de notre profession au sens large. Plutôt que d’être « instrumentalisé » à la manière d’artistes médiatisés comme le sont l’infime pourcentage d’architectes qui vivent correctement de leur art, les ingénieurs ont en ce qui les concerne une stratégie qui fonctionne et ne n’appuie pas sur le besoin d’être cité. En revanche leur stratégie s’effectue au dépend des architectes en envahissant progressivement, depuis les années 60, l’ensemble des sphères de l’acte de construire sur lequel l’architecte en effet un réel potentiel de valeur ajoutée mais très souvent aucun savoir faire valorisable dans les critères dominant de l’ingénierie qui sont clef en ce qui concerne la commande. Les architectes, faute de le comprendre sont donc condamnés à être célèbre afin de valoriser par leur « étiquette » les constructions dont sont les auteurs participant ainsi à leur communication dans le monde politique notamment.
      Jean-François Authier Architecte

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