Les résultats du premier tour sont tombés hier soir. Sans réelles surprises, la gauche prend une raclée sans pour autant laisser à la droite une victoire incontestable, les deux grands vainqueurs étant l’abstention et au Front national. Même si j’ai plein de choses à dire sur le sujet, je ne ferai pas d’analyse électorale dans ce billet mais je reviendrai plutôt sur la place de l’architecte dans la campagne municipale avant, pendant et après l’élection et comment il est devenu le faire-valoir des candidats mais aussi le cocu de l’histoire.
Avant.
Dans n’importe quelle ville de France, lors des élections municipales, l’architecte subit sans pour autant exister. D’un côté, la majorité se sert allègrement des projets réalisés pendant la mandature pour montrer aux électeurs qu’elle a fait des choses en 6 ans sans jamais mentionner le nom de l’architecte. Grand classique. De l’autre côté, l’opposition utilise ces mêmes réalisations pour expliquer combien cela est catastrophique pour la commune que ce soit en termes de coût, d’urbanisme, de « beauté ». L’architecte n’y est pas nommé mais quand même moqué ou raillé et accusé de tous les maux. Evidemment, il ne peut rien faire. L’Ordre des architectes non plus et ce n’est pas l’Appel des architectes pour les élections municipales 2014 qui changera les mentalités.
Pendant.
Nous avons vu pendant cette campagne municipale deux tendances. La première est classique. L’élu se sert de la perspective du concours réalisé quelques mois avant les municipales comme d’une promesse électorale quasi-existante. La seconde tendance est nouvelle et on ne peut encore en mesurer déjà l’impact : c’est la perspective d’architecture ou d’urbanisme comme promesse de campagne. Dans les grandes villes, les candidats (voir ci-dessus la fameuse perspective de la piscine du métro fantôme par NKM) ou encore le florilège développé par Anne Hidalgo (là), les candidates, en l’occurrence, sortent d’un chapeau de magicien des places, des espaces publics, des bâtiments… sans évidemment (sauf pour le cas de NKM) que l’architecte ou l’urbanisme ne soit cité. Mais ce n’est pas le plus grave. En effet, si l’architecte n’est pas mentionné, c’est peut être tout simplement qu’il n’y a pas d’architecte. Un graphiste ou un perspectiviste un peu doué sur tel ou tel logiciel utilisera des astuces déjà utilisées ailleurs ( cf. Place de la Bastille, circulation coupé autour de la statue, miroir d’eau… comme pour la place de la République) pour faire croire à un projet pensé, réfléchi, étudié… or ce n’est pas le cas. Par ailleurs, tout le monde sait que n’importe quelle opération de construction publique fait l’objet d’un appel d’offre et d’une mise en concurrence (un concours par exemple) et que ces images présentées sont, de fait, mensongères car aucun de ces projets ne correspondra à la réalité du concours et encore moins de la réalisation.
Après.
Toujours deux options : la reconduite de la majorité ou la victoire de l’opposition. Nous trouverons d’un part, le fameux concours réalisé par l’équipe en place juste avant l’élection sera annulé ou reporté sine die pour des raisons inexplicables. Ou d’autre part, un élu d’opposition arrivé au fauteuil de maire, qui ayant déjà voté contre la délibération de ce concours, qui n’aura aucune difficulté au vu de sa nouvelle légitimité électorale à mettre fin au contrat signé avec l’architecte. On a même vu des cas en 2008 où des chantiers étaient arrêtés au changement de maire. Dans tous ces cas, il est le cocu de l’histoire et ce, quelque soit l’étiquette municipale. Je ne parle même pas des élus frontistes qui ferment des constructions existantes et les laissent se dégrader. Je pense évidemment au Stadium de Vitrolles par Rudy Ricciotti.
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Oublié, humilié, pris comme un kleenex pour satisfaire les élus, l’architecte est, comme nous avons pu le voir, le faire-valoir et le cocu de ces élections municipales. Il ne maîtrise plus rien, de son droit d’auteur à son savoir-faire, il est devenu le fusible des élus toujours plus friands de gestes architecturaux et d’images mais de moins d’architectes. Pourtant, les architectes ne demandent pas grand-chose, si ce n’est un peu de reconnaissance et de pouvoir faire-valoir ce qui devait être l’essence de la loi de 1977 sur l’architecture, c’est-à-dire, reconnaître l’architecture d’intérêt public. Nous sommes malheureusement bien loin de cet esprit et il faut l’admettre, nous l’avons même quasiment abandonné.
J’avoue avoir fait une perspective pour une réunion publique d’un maire une semaine avant les élections. Le projet en coeur de village ( logts sociaux + commerces + place + mairie = du grand classique quoi) était mis sur la scellette par des opposants menaçant de tout annuler…
Un peu aide à sa réélection gratos du coup, mais son élection garantissait que notre concours gagné puisse se réaliser dans les faits !
Ouf ! il est passé au premier tour.
Vous comprenez donc mon anonymat.
Ensuite, très chère abeille, il n’y a pas que Paris qui a son lot d’utilisation des architectes à des fins électoralistes. Vous verrez dans de grandes villes la même chose qu’avec le projet de la bastille avec des travaux gratos d’archis proches de maires élus parfois dès le premier tour. Les architectes du prince, en somme, qui gracieusement offrent leurs services, malgré l’interdiction formelle (déonto) de travailler gratuitement.
Ce jeu est je trouve malsain, mais nous autres architectes sommes souvent obligés de nous plier à ce jeu ou de subir le fait que d’autres s’y plient volontiers…
Malheureusement, nous sommes cocus à tous les coups.
Merci de ce témoignage qui prouve que je ne me suis pas beaucoup trompé.
Ensuite, j’ai pris l’exemple de Paris car il est le plus visible. Je sais que cela existe partout en France des petites au grandes villes.
Blanche la feuille que j’ai une nouvelle fois exigée pour glisser dans l’enveloppe. Blanche comme l’espoir déchu d’y tracer un jour quelques projets patients passés ces hystéries, ces mêmes discours pathétiques pour la sauvegarde de pouvoirs personnels et d’avenirs collectifs incertains. Blanche comme trop de nuits où j’ai épuisé mes rêves de participer à bâtir une société pour l’homme. Blanche comme mon visage à la vision de tous ces orgueils, de toutes ses vanités. Blanche comme un linceul.
Michel Olivier Dayot architecte
Bien résumé …
la loi de 77 déclare « la création architecturale » d’intérêt public, pas l’architecture, énorme nuance qui nous réduit à ce rôle de créateur/artiste…
» La création architecturale, la qualité des constructions, leur insertion harmonieuse dans le milieu environnant, le respect des paysages naturels ou urbains ainsi que du patrimoine sont d’intérêt public. » Un peu plus que la seule création architecturale mais vous n’avez pas tout à fait tord.
L’Architecture c’est l’Art de bâtir, pour certains même la clef de voûte de tous les Arts. Sans rentrer dans le débat sur la ‘création’, du moins considérons ensemble que cet acte de synthèse entre la pensée et la matière dans tous leurs sens.
Texte une nouvelle fois idiot ! Vous confondez le doigt et la direction donnée ! Arrêtez-donc votre narcissisme et votre égocentrisme, l’architecte n’existe pas pour lui même, et n’est pas le centre du monde. Les candidats émettent des idées, peu importe par quel medium, ils n’émettent pas des projets prêts à construire, mais des directions. Mais pour qui vous prenez-vous exactement ? Ce n’est pas la société qui va s’adapter à votre vanité, mais c’est aux architectes de s’adapter aux attentes de la Société !
Monsieur, je suppose que vous n’êtes pas architecte!! vous sauriez de quoi ça parle!! on ne veut pas adapter le société aux architectes, nous essayons d’améliorer cette société qui semble bien crédule face aux hommes au pouvoir!! j’ai l’impression que vous souhaitez que la société s’adapte a ces élus qui manipulent l’image à fin d’obtenir ce qu’ils désirent le plus, le pouvoir!!! ce qui est dénoncé dans cet article est la manipulation!! les élus ont très bien compris comment ça fonctionne!! tout est question de marketing!! ils se vendent, publicité mensongère!!!
C’est quand même dingue d’avoir un blog d’architecture et de ne pas aimer les architectes.
Prenez note Monsieur de nous honorer et non comme un vulgaire nous ressortir le ‘ je paye donc je décide …’
( HT).
J’avais pas tilté sur le combat archicouille-abeille !
Les attentes de la société ????? Celles de la Duflot avec la Loi Alur ?? Celles des promoteurs de logements indignes fussent-ils verts ??? etc.. Sûr que vous n’avez pas l’air d’être sur le même tempolitis. Dur de passer d’une gloire éphémère de dandy desa à vouloir ‘vendre’ ses réflexions sur la toile !
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On l’a échappée belle !
ah ah ah chez qui déjà ?