« Un escalier de fer, un couloir étroit et obscur, au fond de ce couloir une porte entrouverte d’où nous parviennent les accords d’une musique qui en ce lieu paraît irréelle. C’est le côté obscur de la force. »
Cet extrait de « L’empire du côté obscur » de IAM m’est tout de suite venu à l’esprit en arpentant les couloirs sombres de la Cité d’Architecture permettant d’accéder à la salle de la remise des prix de l’Equerre d’Argent 2012. Cette première salle était pleine et ne permettait plus d’accepter plus de monde ce qui a mis Antoine Daudré-Vignier en rage expliquant qu’il ne s’était pas déplacé de si loin (PARIS XIIème) pour être recalé à l’entrée du saint des saints. Heureusement, le couloir une deuxième salle nous attendait dans les sous-sols de la Cité de l’Architecture. Une pièce sombre sans lumière naturelle, non aérée où la cérémonie de remise des prix était retransmise sur des écrans. Le pire moment ayant été la vidéo d’auto-promotion du Groupe Moniteur : image et musique kitchs qui fleurent bon le corporate des années 90. Ensuite vinrent les discours crachés sur des enceintes mal réglées: Inaudibles. Si vous n’avez pas vu, les deux principaux lauréats sont : l’Equerre d’argent à Cab (Jean-Patrice Calori, Bita Azimi et Marc Botineau) pour le pôle petite enfance à La Trinité et le prix de la première œuvre à Tolila + Gilliland pour un atelier d’artiste, espace d’exposition et studio à Campbon. Je n’ai pas vu ses bâtiments, je ne les critiquerai donc pas (c’est même pour cela que j’ai refusé d’être interviewé par le Moniteur surtout après Richard Scoffier). Il est 19h30 lorsque que les premières bouteilles sont débouchées et les premiers plateaux de petits fours arrivent. Les ventres des architectes enfin rassasiés, retour sur plusieurs points qui ont retenu mon attention lors de cette soirée:
1-Une première : l’absence de la ministre de tutelle Aurélie Filippetti.
2-Une dernière : logiquement présentation du prix de l’Equerre d’Argent par Frédéric Lenne.
3-La rencontre IRL (In Real Life) avec les blogueurs et journalistes : JF Degioanni, Marie Douce Albert (qui n’est pas sur Twitter) , Lili l’archi, Sipane de Details (voir son article ici), Margaux Darrieus, Michel Dalloni, Milena Chessa (qui n’est pas sur Twitter) et pleins d’autres que j’oublie.
4- Après avoir discuté avec beaucoup d’architectes (Pascale Dalix de chez Chartier et Dalix, Catherine Dormoy de l’agence éponyme, ou Gaël Le Nouëne de OS architecture et d’autres), on ressentait hier un peu, voire beaucoup de pessimisme, pour les années à venir comme le notait les Echos ici. Fragilité de la commande publique, absence de commande privée et encore dumping des honoraires font partie des points qui reviennent le plus. A suivre bientôt sur le blog.
5- La French Touch cherche à savoir qui est derrière ce blog parce que, paraît-il, les Gérard, ça les a fait bien rire et qu’il voudrait me rencontrer. J’attends.
7-Le vin rouge dans les caves de la Cité de l’Architecture est moins agréable que le champagne dans les salons dorés de la mairie de Paris.
8-Le trophée de l’Equerre d’Argent (voir plus haut) est ridicule. Tu le reçois, t’es content pour ton agence, mais tu le planques tellement c’est moche.
9-La date de remise de prix ainsi que les visites sont très mal placées dans le temps. Novembre pour les visites. Janvier pour la remise. Je propose donc Avril pour les visites et Juin pour la remise. Comme ça on pourrait faire le prix sur le toit de la Cité de l’Architecture. Bonne idée, non?
10-Un storify (tu ne sais pas ce que c’est: clique ici) a été fait pour résumer la soirée. Pour le voir c’est là.
Bref, une bonne soirée qui s’est conclue rue Berger chez les lauréats Cab pour » un verre après l’Equerre « . J’ai préféré aller me coucher redoutant déjà un mal de crâne dont je doute n’avoir été la seule victime, ce matin.
A l’année prochaine et bonne route aux lauréats.
PS: Pourquoi Philippe Gazeau et Marc Mimram ont passé toute la soirée à discuter alors que tous les deux ont leurs agences domiciliées à la même adresse au 21 rue de la Fontaine au Roi dans le XIème. J’ai même pas pu demander à Philippe ce qu’il pensait des Archives Nationales.
Nan mais il y a quand même un énooooorme sujet que tu n’as pas abordé, puisque là tu décris surtout les mondanités et les taillage de cure dent, c’est l’allure de ce bâtiment.
C’est blanc, froid, sans âme, il n’y a aucune couleur, t’as juste droit à du béton et du métal. Ca ressemble au mémorial de l’ile de la cité, regardes :
C’est un bâtiment dont l’architecture doit t’inspirer la souffrance de 6 millions de déportés. Sauf que là c’est pour y mettre des enfants.
L’entrée fait vaguement penser à du Mies Van der Rohe avec ses pans détachés. Mais enfin bordel le pavillon de Barcelone c’était en 1929 !!!! Il y a 84 ans !
Et les mecs ils sont toujours bloqués là dessus. Tu pouvais pas faire plus has been que ça.
Pour les gardes corps ils n’ont rien trouvé de mieux que des barres verticales blanches. C’est les même qu’en 70 quand on bâtissait au chemin de grue, les mêmes qu’on retrouve dans les cités qui sont la honte de la profession.
Ca marche tellement pas qu’ils ont été obligés de mettre des vieilles baches pourries pour les vis à vis. On dirait des barreaux de prison, et d’ailleurs à un moment il emploie le mot corridor. Je m’arrête là j’ai envie de vomir.
Et c’est censé être le fleuron de l’architecture française ?
Personnellement, je ne juge et ne critique que ce que j’ai vu.
Sinon, que ce soit en peinture, en littérature ou architecture, je ne crois que l’évocation de ceux qui ont fait l’architecture soit en soi critiquable.
Je ne sais si ce projet est censé représenter le fleuron de l’architecture française mais votre critique constante du modernisme (cf. conférence) me donne envie de m’y pencher et d’y apporter une critique plus constructive (plans, coupes, usages) que formelles (angle droit, couleurs.)
Et bien c’est tout de même assez dommage de n’avoir pas parlé de ce bâtiment, car la critique d’architecture est ultra rare de nos jours et en parlant de ces mondanités, vous ne grattez que la surface alors que vous êtes certainement capable de bien plus de profondeur.
Pour ma part je considère que l’architecture dégage des symboles, et ceux-ci n’ont pas besoin d’être vu de près pour être critiqués. En dehors de l’évocation supposé de MVD Rohe ce bâtiment regorge de symboles qui appartiennent à l’inconscient collectif, comme l’architecture de guerre, les barreaux de prison, etc. et c’est précisément cela que je critique.
Je tiens à ajouter que je ne suis pas XXX , qui d’ailleurs n’aurait certainement pas employé ces termes, et vous serez gré de respecter la confidentialité des adresses de contact telle qu’annoncé dans le formulaire. La force même des sites comme le vôtre est de permettre une critique libre, et dans ce métier les gens ne le sont vraiment que lorsqu’ils avancent masqués…
Branleurs – vous rotez dans les salons alors que notre métier risque de disparaitre – la france manque de logements…
Attendez mon prochain texte…